PHONÉTIQUE CORRECTIVE EN FLE
MÉTHODE VERBO-TONALE

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LA CORRECTION DES ÉLÉMENTS SEGMENTAUX :
VOYELLES ET CONSONNES


avertissement liminaire

Cette séquence consacrée aux procédures de remédiation des segments vocaliques et consonantiques constitue le cœur de la ressource. Vous allez apprendre

  • à considérer les deux axes utilisés en MVT pour situer les sons vocaliques et consonantiques : l’axe de la tension et l’axe clair / sombre ;

  • à diagnostiquer une erreur phonétique commise en français en la situant sur l’un de ces deux axes ;

  • à naviguer dans divers tableaux synoptiques disponibles dans la rubrique documents de travail. Il vous est conseillé de les imprimer afin de les avoir sous les yeux en permanence. Ces documents permettent d’expliquer l’erreur et vous donnent la possibilité, une fois compris et assimilés, de les utiliser pour y pallier ;

  • diverses techniques de remédiation afin d’agir sur une production phonique erronée en utilisant un procédé particulier ou plusieurs procédés se combinant de diverses façons. Ce qui assure une plus grande souplesse et diversité ;

Outre les tableaux synoptiques, vous allez être aidé par de nombreux extraits vidéo illustrant concrètement le commentaire des procédés. Ils sont signalés dans le corps du texte de la séquence par la lettre F suivie du n° de fichier en bleu et apparaissent à l’écran quand vous cliquez dessus. Par exemple, le fait de cliquer sur F041 provoque l’apparition à l’écran de l’extrait audio-visuel correspondant.

Tous les fichiers de l’ensemble 2 comportent un commentaire : soit il apparaît à l’écran au fur et à mesure du déroulement de l’interaction et vous renseigne en direct sur les procédures utilisées par l’enseignant ; soit un commentaire global est proposé au terme de l’extrait. Graduellement, ceci vous permet d’assimiler les techniques de correction. Au début, il est naturellement nécessaire d’opérer un va-et-vient entre les informations théoriques fournies par le texte, les tableaux des V et des C, et l’illustration in vivo et donc en temps réel des extraits vidéo.

Vous avez également accès à d’autres extraits vidéo commentés en vous rendant dans la séquence 7 intitulée Parcours de formation : exercices d’entrainement et d’application. Ceci vous permet de travailler à votre rythme, de découvrir d’autres exemples sonores et visuels, de constater une certaine régularité dans l’emploi des techniques de correction, d’acquérir progressivement à votre tour - à condition de vous entrainer également- une plus grande assurance dans le maniement de ces procédés.

L’important est de prendre tout son temps pour parcourir ce chapitre, s’en imprégner, parvenir à poser les causes du décel de l’erreur pour ensuite appliquer de plus en plus spontanément diverses techniques remédiatrices.

Outre le cours « papier » illustré par les interactions vidéo mentionnées ci-dessus, vous avez également la possibilité de vous initier aux techniques de correction phonétique en prenant connaissance du film pédagogique F275 : Procédures de correction des voyelles et des consonnes de la séquence n° 7. Ces procédures sont mises en scène et commentées pas à pas au moyen d’exemples tangibles. Nous espérons que ce film qui montre et sonorise le travail de l’enseignant permet de mieux s’imprégner des explications théoriques et saisir plus concrètement l’esprit des interactions vidéo.


1. Introduction.

Ce chapitre est consacré à la correction de segments –vocaliques, consonantiques- mal réalisés par des apprenants en FLE.

D’un point de vue formel, une erreur de prononciation concerne simultanément bulle...les trois grands domaines de la phonétique selon le point de vue adopté :

  • elle est le produit d’un programme articulatoire inapproprié et relève de ce fait de la phonétique physiologique ;

  • le positionnement inadéquat des organes dits de la phonation a des conséquences directes sur les propriétés acoustiques des sons produits, ce que divers graphes établissent objectivement ;

  • les sons mal réalisés dans la langue cible sont perçus comme tels mais de façon pouvant être différente selon les sujets ; la phonétique perceptive est le lieu de la subjectivité.

En MVT, les erreurs de prononciation affectant une voyelle ou une consonne peuvent être diagnostiquées sur deux axes opératoires : l’axe de la tension et l’axe clair / sombre.

• La bulle...tension, phénomène aujourd’hui toujours mal connu, est définie par Renard (1979, 127) comme « l’énergie neuro-musculaire dépensée pour produire la parole ». Nous verrons dans la suite de cette séquence que les sons peuvent être classés selon des critères de tension et que certaines erreurs sont dues soit à un excès de tension, soit à un manque de tension.

Dans le 1er cas ils sont trop tendus et notés T+, dans le second cas ils sont trop relâchés et notés T-.

Pour le moment, retenons que la tension est liée au domaine physiologique.

• bulle...l'axe clair / sombre a trait au bulle...timbre d’un son, c’est-à-dire à l’impression subjective globale qu’il produit chez un individu. L’axe clair / sombre est donc du ressort de la perception.

Sur la plan terminologique, il est important de faire la différence entre les termes bulle...aigu / bulle...grave et clair / sombre. Le 1er couple a trait à la bulle...hauteur d’un son qui lui donne son caractère perceptif grave ou aigu, et qui résulte de la fréquence des vibrations. Plus celle-ci est élevée, plus le son paraît aigu ; plus elle est basse, plus le son semble grave. C’est ainsi que la même voyelle prononcée par une voix d’homme et une voix de femme aura un bulle...timbre identique mais sera plus grave dans le premier cas et plus aigue dans le second en raison du régime de vibrations des cordes vocales déterminant la bulle...fréquence fondamentale responsable de l’impression de hauteur.

hauteur

Le timbre d’un son résulte de sa bulle...composition spectrale, c’est-à-dire de la fréquence et de l’amplitude de ses composantes. Il n’est pas évident de qualifier le timbre d’un son isolé. C’est pourquoi on parle souvent du timbre relatif de deux sons, l’un paraissant plus clair et noté C+ que l’autre qualifié alors de plus sombre et noté C-. C’est ainsi que les voyelles [i] et [y] prononcées par une voix d’homme ont une même fréquence fondamentale, et donc une hauteur identique, mais leur timbre est différent.

timbre

Quand un élève prononce mal une voyelle ou une consonne, l’erreur porte simultanément sur l’axe de la tension –problème au niveau de la cible articulatoire à atteindre- et sur l’axe clair/sombre –le timbre du son émis attire l’attention de l’enseignant-.

Toutefois, sur le plan de la pratique corrective, l’erreur est due majoritairement soit à un problème de tension, soit à un problème sur l’axe clair/sombre.

L’enseignant diagnostique l’erreur en temps réel et tente d’y remédier en employant des procédés de correction favorisant l’un ou l’autre de ces deux axes. Dans la suite de ce cours nous allons apprendre

  • à diagnostiquer l’erreur, qu’il est indispensable de pouvoir définir avant de proposer le moindre procédé de remédiation. L’enseignant ne peut prétendre agir efficacement tant qu’il n’a pas déterminé l’axe sur lequel l’erreur s’est produite;

  • à utiliser les procédés de correction de la MVT pour amener l’apprenant à prononcer le son de manière acceptable. Cela signifie qu’il ne s’agit pas de forcément obtenir un son “parfait “ d’entrée de jeu. Il convient d’amener l’apprenant à l’éloigner du son erroné pour se rapprocher petit-à-petit, par approximations successives, d’un son-cible acceptable et de plus en plus conforme au modèle prototypique de celui de la LE.